Démocratie locale, une invention d’Avignon … à faire fructifier

Pour qu’une démocratie soit vivante, elle ne se limite pas à un vote de temps en temps. Ce doit être un vécu permanent.

À l’échelle locale, cette réalité est encore plus pressante puisque c’est ici, dans nos quartiers, dans nos écoles et nos lieux de vie, que se jouent les premiers gestes de citoyenneté. C’est près de chez soi que la démocratie se fabrique au quotidien, ou qu’elle s’abime d’être sous employée.

Elle commence lorsque chaque habitant retrouve prise sur le réel. Elle se poursuit dans les décisions partagées, dans la parole écoutée, dans les gestes collectifs du quotidien. Elle se prolonge dans chaque décision concertée, respectueuses des avis, enrichie d’avoir été informée.

Un citoyen n’est pas là pour approuver ou protester par intermittence. Il a une voix, une expérience, un savoir de terrain. Il connaît ce que vivent ses voisins, les besoins de son quotidien, les absurdités parfois devant lesquelles il est contraint. Cela mérite d’être écouté comme un savoir, comme une expertise à part entière.

 

À Avignon, cette conviction ne relève pas du discours : elle relève de notre Histoire, elle s’est traduite dans les actes.

Nous sommes le premier territoire des temps modernes à avoir décidé de son destin par référendum. Avignon, et le Comtat Venaissin, ont choisi de devenir français par le vote. Et nous le sommes devenus un 14 septembre.

Pour en savoir plus : https://mjp.univ-perp.fr/france/d1791avignon.htm

Voici l’héritage civique que nous devons porter, que nous devons valoriser. Nous étions des précurseurs dans l’expression du peuple. Nous pouvons reprendre ce rôle d’éclaireur, de pionnier, de premier.

 

En 2026, nous aurons un choix collectif à faire par le vote pour la ville, comme pour son agglomération. Ma proposition est d’en faire un accélérateur démocratique.

Depuis plusieurs années, la municipalité avignonnaise a engagé un mouvement réel et concret en faveur d’une démocratie de proximité.

-          Le budget participatif, qui permet aux habitants de proposer et de choisir eux-mêmes des projets concrets pour leur quartier ;

-          le Conseil municipal des enfants, qui forme dès le plus jeune âge à l’engagement civique ;

-          une Plateforme numérique de concertation, qui a pu recueillir avis, commentaires et opinions sur plusieurs projets en cours.

-          les maisons communes : pour des mairies de quartier enrichie d’actions partenariales et de services publics de proximités, avec des médiateurs numériques pour ne laisser personne sans ressource face au changement.

Mais aujourd’hui, pour répondre à une attente grandissante de lisibilité, de concertation préalable, de transparence et de capacité à agir, ce socle mérite d’être amplifié, déployé et modernisé. Nos concitoyens ne demandent pas seulement d’être consultés : ils demandent à comprendre, à décider, à suivre, à évaluer.

Nous devons leur en donner les moyens. Et cela suppose une condition essentielle : celle d’une citoyenneté éclairée.

 

Dans la démocratie athénienne, les grandes décisions prises par l’assemblée citoyenne étaient gravées dans la pierre, puis exposées à la vue de tous, sur l’Agora. Chacun pouvait lire, comprendre et questionner. Cette stèle symbolisait un principe fondamental : le peuple ne décide que s’il sait.

Aujourd’hui, nos outils ont changé. Mais le principe reste : il ne peut y avoir de démocratie mature sans information claire, accessible, lisible.

À l’heure où tant de citoyens se sentent éloignés des décisions, les technologies numériques peuvent offrir des leviers puissants. Plateformes d’interpellation, concertations en ligne, cartographies participatives, open data : tout cela peut renforcer la démocratie.

Mais à une condition : que ces outils ne remplacent jamais la relation humaine. Le numérique ne doit pas être une barrière supplémentaire, mais un pont entre les élus et les habitants. Il doit permettre de mieux écouter, mieux comprendre, mieux contrôler, et pas simplement de mieux communiquer.

Le numérique peut devenir notre pierre civique. Il peut nous permettre d’informer mieux, de consulter plus largement, de faire remonter les besoins et d’assurer le suivi des engagements. Il peut rapprocher les citoyens de leurs institutions — à condition qu’il soit conçu comme un outil d’accès, non comme une barrière.

C’est pourquoi je propose de développer une application citoyenne, municipale et intercommunale, mutualisée pour les communes qui le souhaiteront, gratuite, simple, publique, destinée à informer, alerter, suivre et agir. Une application où chacun pourrait, grâce à la nouvelle identité numérique certifiée :

  • consulter les projets en cours dans sa ville, son village, son quartier,

  • signaler un problème dans l’espace public,

  • suivre l’avancement de ses demandes ou propositions,

  • accéder aux informations clés sur les budgets, l’environnement, l’urbanisme ou la vie locale à l’échèle des pays d’Avignon.

Le tout adossé à un portail open data citoyen, qui donne accès aux grandes décisions, aux investissements réalisés, aux engagements tenus, dans un format compréhensible et réutilisable. Pour que chaque citoyen puisse se forger son propre jugement.

 

Mais l’information ne suffit pas. Il faut aussi la culture démocratique pour l’interpréter. On ne naît pas citoyen : on le devient. À travers l’école, les associations, les conseils citoyens, les lieux de débat. Il faut renforcer ces lieux de formation civique continue, où l’on apprend à débattre sans dominer, à écouter sans exclure, à coopérer malgré les désaccords.

En partant de ces fabriques citoyennes, nous pouvons créer un forum annuel de la démocratie locale. Chaque année, en souvenir de ce premier vote de citoyenneté, nous réunirons les forces civiques du territoire pour croiser les regards, faire le bilan des engagements, améliorer les outils de participation, et renforcer les passerelles entre institutions, associations et habitants. Et le conclure par un banquet républicain, autour du 14 septembre comme nous en avons vécu un tellement réussi cette année au pied des remparts !

C’est aussi le moment aussi de transformer le Conseil de Développement du Grand Avignon en véritable Convention Citoyenne Locale en le missionnant sur les sujets définis lors de ce forum comme des priorités.

 

Je ne crois pas à la démocratie d’apparat. Je crois à une démocratie rigoureuse, continue, exigeante. Une démocratie qui ne s’improvise pas, mais qui se construit par le respect, la méthode et la transparence.

Je crois à une démocratie locale :

  • éclairée, grâce à une information accessible et fiable,

  • interactive, en utilisant pleinement les outils numériques au service du lien civique,

  • inclusive, en associant toutes les générations et tous les quartiers,

  • continue, parce qu’elle ne s’arrête jamais entre deux scrutins,

  • exigeante, parce qu’elle impose aux élus comme aux citoyens de tenir ensemble le fil du dialogue, de l’évaluation et de la confiance. Ce que la petite clochette symbolise comme un rappel aux pattes des gerfauts sur le blason de la ville d’Avignon.

Et je crois que c’est ensemble que nous pourrons franchir une nouvelle étape, à la hauteur des défis démocratiques de notre temps. Parce que la démocratie ne se pratique pas en pointillés. Elle se partage. Elle se vit. Et elle se construit, chaque jour pour que demain le plus grand nombre puisse en endosser efficacement la responsabilité.

C’est cette démocratie-là que je veux proposer. Celle qui fait une citoyenneté plus commune, plus forte, plus libre.

Et je crois que nous pouvons la construire ensemble.

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Avignon 2030-2050 : Six grands défis pour une ville désirable, à la hauteur de ses ambitions