Avignon 2050 : l’avenir commence aujourd’hui
À l’horizon 2050, Avignon se trouve à la croisée des chemins, confrontée à des défis d’une ampleur inédite et à des périls potentiels qui, s’ils ne sont pas anticipés, risquent de compromettre l’avenir de ses citoyens, de son territoire.
Dans le même mouvement, ces défis recèlent des opportunités immenses pour repenser le modèle de développement de la cité, innover dans l’organisation des espaces urbains et renforcer le lien social.
Six trajectoires me paressent particulièrement déterminantes pour Avignon dans les décennies à venir.
Le dérèglement climatique : l’urgence d’une ville vivable
Le dérèglement climatique apparaîtra, sans contredit, comme le premier vecteur de transformation. En 2050, la région ressentira déjà depuis plusieurs décennies les contrecoups d’un réchauffement global, accentué pour notre territoire confronté à des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, à des périodes de sécheresse prolongées, et à des crues soudaines dues à des précipitations extrêmes.
Cette évolution mettra en lumière la nécessité d’un changement de paradigme environnemental. Dès aujourd'hui, il nous amplifier notre stratégie d’adaptation intégrée, combinant des mesures de végétalisation urbaine, des innovations en matière de gestion des ressources en eau et un recours accru aux énergies renouvelables.
La ville, contrainte de repenser ses infrastructures pour résister aux aléas climatiques, peut transformer un risque majeur en levier pour inventer une nouvelle qualité d’habiter. Les atouts sont là pour y arriver.
La trame bleue d'Avignon (ses canaux aujourd’hui souterrains, ses pointes d’eaux) doit être révélée, pour que puisse foisonner des ilots de fraicheurs et de biodiversité.
Et parce que pour faire un grand arbre il faut du temps, il nous faut planter, planter encore pour donner de l’ombre à nos enfants.
La qualité alimentaire : vers une souveraineté locale
La qualité alimentaire occupera une place centrale dans les préoccupations de demain. La mondialisation des circuits d’approvisionnement, face aux tensions croissantes induites par des contextes géopolitiques instables et la raréfaction des ressources naturelles, soulèvera la question de la souveraineté alimentaire, de la qualité de l’approvisionnement.
Avignon devra renforcer le développement de filières locales durables, favorisant la proximité et l’agriculture raisonnée, afin de garantir à ses habitants un accès constant à des produits de qualité.
Ce soutien à des systèmes alimentaires autonomes et résilients constituera non seulement une opportunité de rendre à l’exploitation de nombreuses terres en friches, aujourd’hui terrains d’incivilités, mais permettra aussi de redynamiser des filières locales, et de renforcer le lien de conscience de la fourchette à l’assiette, grâce à des collectivités engagées.
L’énergie : entre vulnérabilité et autonomie
Dans le même temps, la question énergétique prendra une dimension nouvelle. Alors que la dépendance aux énergies fossiles aura cédé la place aux énergies renouvelables, les enjeux de stockage et de distribution d’énergie deviendront cruciaux.
Avignon se trouvera, en 2050, à devoir concilier la modernisation de son parc énergétique et le respect des principes de sobriété et de décentralisation, garant d’une stabilité des prix pour les habitants et les entreprises.
Le recours à des solutions comme les réseaux intelligents, la géothermie ou l’exploitation du solaire permettra à la ville non seulement de réduire son empreinte carbone mais également d’offrir à ses citoyens une autonomie énergétique accrue, véritable gage de compétitivité économique et d’équité territoriale.
C’est tout le sens du choix de créer un réseau de chaleur et de froid avant 2030 qui vient d’être décidé pour la ville qu’il faudra étendre à l’agglomération.
C’est tout l’enjeu de la création d’un grand acteur local de la production et de la distribution énergétique que nous avons à faire.
La digitalisation économique : fracture ou levier d’émancipation ?
Au milieu de ce siècle, la digitalisation économique aura transformé en profondeur le tissu socio-économique des pays d’Avignon.
L’intégration des technologies numériques bouleverse déjà les modes de production et de consommation. Face à une automatisation généralisée des services et à un recours croissant aux intelligences artificielles, la ville doit s’investir dans une transformation numérique inclusive et consciente.
L’objectif est de permettre à tous ses résidents – des jeunes aux seniors – de s’approprier ces outils, pour éviter une fracture numérique qui accentuerait les inégalités existantes. Dès aujourd’hui nous avons besoin d’un plan d’appropriation par tous des progrès numériques.
Grace à l’équipe que nous avions composée il y a 10 ans, nous avons fait de notre territoire un carrefour numérique labélisé “French Tech”. En misant sur l’éducation, la formation continue et la création locale, Avignon a les moyens de devenir un leader dans l'innovation numérique, respectueux des valeurs sociales et humaines.
La ségrégation territoriale : combattre l’archipelisation urbaine
Le défi actuel de la ségrégation territoriale, raconte l’histoire d'un bassin de vie morcelé, déséquilibré.
Les mécanismes d’exclusion et de ghettoïsation, déjà perceptibles au début du siècle, risqueraient de se renforcer si nous n’accentuons pas les mesures prises pour promouvoir la mixité sociale et fonctionnelle de chaque territoire.
C’est dans cette dynamique que résidera l’un des enjeux majeurs de demain : repenser l’urbanisme de manière holistique, favorisant la densification maîtrisée et supportable, limité à un épaississement de la ville, par une redistribution équitable des équipements publics et le renforcement de la cohésion et de la solidarité entre les villes du bassin de vie, entre les quartiers.
En optant pour une planification urbaine inclusive, Avignon et son agglomération pourra ainsi transformer le risque de fracture en une véritable opportunité de réinventer les liens humains au sein de la ville de demain.
Le vieillissement : poids ou ressource ?
Enfin, le vieillissement de la population se profilera comme un défi incontournable.
En 2050, dans la trajectoire actuelle, près du tiers des habitants d’Avignon aura dépassé les 65 ans, modifiant ainsi les dynamiques sociales et économiques.
Ce vieillissement démographique pourrait être source d’un isolement préoccupant et d’une surcharge pour le système médico-social si des mesures préventives adéquates ne sont pas mises en œuvre.
Mais il représente aussi une richesse en termes d’expériences, de savoirs et de cohésion intergénérationnelle. La mise en place de politiques d’habitat adaptées, de services de proximité renforcés et d’initiatives favorisant l’engagement citoyen des aînés permettra d’en faire un levier de dynamisme et de solidarité, transformant un potentiel péril en une opportunité d’enrichir le tissu social.
L’avenir d’Avignon ne se rêve pas, il se décide
Si Avignon 2050 se présente comme le reflet d’un choix collectif, où la capacité d’anticiper les risques se conjugue à une volonté affirmée d’innover et de transformer, chaque défi – qu’il soit environnemental, alimentaire, énergétique, numérique, urbain ou démographique – renferme en lui la possibilité de déclencher une réaction en chaine positive, tant que les orientations politiques et les dynamiques citoyennes s’alignent dans un projet commun et ambitieux.
Le futur de la ville dépendra alors de la capacité de tous ses acteurs à transcender les difficultés actuelles pour bâtir ensemble une cité résiliente, solidaire et exemplaire, où l’avenir ne sera pas subi, mais résolument bâti dans un nouvel équilibre.